Les économistes doivent construire de meilleurs modèles
La mondialisation renforce-t-elle la résilience? Peut-être n’a-t-elle aucun effet? Ou l’effet inverse?
En ce qui concerne les deux principales perturbations économiques de ce siècle — la crise financière mondiale à partir de 2008 et la pandémie de COVID-19 à partir de 2020 — les réponses des économistes étaient largement erronées, déclarent dans une analyse deux responsables du département des études du Fonds monétaire international. Pour ce qui est de la crise financière, la plupart d’entre eux ont sous-estimé les risques de la mondialisation financière et lorsqu’il s’agit de la pandémie, la plupart ont surestimé les risques associés aux réseaux de production tentaculaires et complexes ainsi qu’à la mondialisation des échanges.
Avant la crise financière, la plupart des économistes avaient une vision positive des effets de la mondialisation financière sur la résilience. L’idée était que la croissance du secteur financier, en particulier de la finance internationale, permettrait aux agents économiques et aux pays de diversifier les risques au moyen d’instruments financiers. De nouveaux produits financiers combleraient les marchés manquants. On s’attendait à ce que l’intégration financière transfrontalière conduise à un plus grand partage des risques.
Au début de la pandémie, la production et le commerce mondiaux apparaissaient très vulnérables alors qu’ils s’étaient de plus en plus appuyés sur des chaînes de valeur mondiales juste à temps. Dans ce système, les matériaux et composants clés sont produits dans différents pays ou diverses régions en fonction des avantages comparatifs. Un seul intrant manquant pourrait bloquer des chaînes de production entières. Pour saisir l’idée d’« intrants critiques », les économistes ont utilisé des modèles avec de faibles élasticités de substitution entre les différents intrants. Dans le contexte de la COVID-19, cela impliquait que si la pandémie n’éliminait qu’un seul pays clé — ou une région dans un pays, ou une usine d’ailleurs —, des chaînes de production entières pourraient être brisées.
Mais ce qui s’est réellement passé a été tout à fait différent. La prédiction selon laquelle l’expansion des réseaux de production et la mondialisation des échanges rendraient l’économie mondiale moins résistante s’est avérée fausse.
Quelles leçons les économistes peuvent-ils tirer de cette double erreur?
Les évaluations erronées de la crise financière mondiale et de la pandémie peuvent en partie refléter une compréhension imparfaite de la microstructure des marchés financiers et commerciaux. Dans le cas des deux bévues, ce qui a pu égarer les économistes, c’est qu’ils faisaient trop confiance aux modèles stylisés. Ce qui n’aurait dû être que de la modélisation ou des stratégies de simplification est devenu « la » lentille d’analyse de l’effet de la mondialisation sur la résilience. Bien que ces modèles nous aident à mieux comprendre le fonctionnement des économies, leur véritable test consiste à signaler le risque ou l’absence de risque pour guider les réponses politiques préventives.
Dans une perspective prospective, la question est la suivante : comment la profession peut-elle encourager une vision plus critique des paradigmes dominants?
La mondialisation renforce-t-elle la résilience? Peut-être n’a-t-elle aucun effet? Ou l’effet inverse?
En ce qui concerne les deux principales perturbations économiques de ce siècle — la crise financière mondiale à partir de 2008 et la pandémie de COVID-19 à partir de 2020 — les réponses des économistes étaient largement erronées, déclarent dans une analyse deux responsables du département des études du Fonds monétaire international. Pour ce qui est de la crise financière, la plupart d’entre eux ont sous-estimé les risques de la mondialisation financière et lorsqu’il s’agit de la pandémie, la plupart ont surestimé les risques associés aux réseaux de production tentaculaires et complexes ainsi qu’à la mondialisation des échanges.
Avant la crise financière, la plupart des économistes avaient une vision positive des effets de la mondialisation financière sur la résilience. L’idée était que la croissance du secteur financier, en particulier de la finance internationale, permettrait aux agents économiques et aux pays de diversifier les risques au moyen d’instruments financiers. De nouveaux produits financiers combleraient les marchés manquants. On s’attendait à ce que l’intégration financière transfrontalière conduise à un plus grand partage des risques.
Au début de la pandémie, la production et le commerce mondiaux apparaissaient très vulnérables alors qu’ils s’étaient de plus en plus appuyés sur des chaînes de valeur mondiales juste à temps. Dans ce système, les matériaux et composants clés sont produits dans différents pays ou diverses régions en fonction des avantages comparatifs. Un seul intrant manquant pourrait bloquer des chaînes de production entières. Pour saisir l’idée d’« intrants critiques », les économistes ont utilisé des modèles avec de faibles élasticités de substitution entre les différents intrants. Dans le contexte de la COVID-19, cela impliquait que si la pandémie n’éliminait qu’un seul pays clé — ou une région dans un pays, ou une usine d’ailleurs —, des chaînes de production entières pourraient être brisées.
Mais ce qui s’est réellement passé a été tout à fait différent. La prédiction selon laquelle l’expansion des réseaux de production et la mondialisation des échanges rendraient l’économie mondiale moins résistante s’est avérée fausse.
Quelles leçons les économistes peuvent-ils tirer de cette double erreur?
Les évaluations erronées de la crise financière mondiale et de la pandémie peuvent en partie refléter une compréhension imparfaite de la microstructure des marchés financiers et commerciaux. Dans le cas des deux bévues, ce qui a pu égarer les économistes, c’est qu’ils faisaient trop confiance aux modèles stylisés. Ce qui n’aurait dû être que de la modélisation ou des stratégies de simplification est devenu « la » lentille d’analyse de l’effet de la mondialisation sur la résilience. Bien que ces modèles nous aident à mieux comprendre le fonctionnement des économies, leur véritable test consiste à signaler le risque ou l’absence de risque pour guider les réponses politiques préventives.
Dans une perspective prospective, la question est la suivante : comment la profession peut-elle encourager une vision plus critique des paradigmes dominants?