Répondre aux défis sociétaux : le retour en grâce des politiques « orientées mission »?
Dans un ouvrage publié sur le site de la Fabrique de l'industrie, un expert de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que depuis le début des années 2010, la mise en place de politiques ambitieuses en matière de recherche et d'innovation, s'attaquant notamment aux grands défis énergétiques, numériques, environnementaux et géopolitiques, est une priorité stratégique des pays de l'OCDE et au-delà. En effet, pour s'attaquer à des problèmes de plus en plus systémiques, les pays n'ont plus d'autre choix que de mettre en œuvre des politiques dotées d'une approche et de moyens holistiques. C'est ce qui explique l'appétence grandissante pour les politiques « orientées mission » (POM), conçues pour mobiliser les activités de recherche et d'innovation nécessaires à la résolution de défis sociétaux.
Concrètement, une POM doit répondre à un objectif précis et ambitieux, selon un calendrier préétabli. Elle doit permettre à un pays de fédérer tous les acteurs autour de cet objectif et de faire tout ce qui est nécessaire, dans tous les domaines, pour le réaliser. Ces politiques doivent en effet couvrir toutes les composantes de la chaîne d'innovation, de la recherche jusqu'à la mise sur le marché, être multidisciplinaires et multisectorielles, coordonner tous les acteurs impliqués et les mettre en cohérence et, enfin, utiliser différents instruments de soutien. Les trois points clés des POM sont ainsi l'orientation, la coordination et l'intégration.
Les travaux menés par l'OCDE ont toutefois permis de distinguer trois familles de POM.
La première famille, celle des « cadres stratégiques d'ensemble orientés mission », regroupe les initiatives de grande envergure, mises en place au plus haut niveau d'un système national d'innovation (organisation centrale, comité interministériel) pour coordonner des acteurs publics et privés au service de larges missions. Le programme-cadre Horizon Europe de l'Union européenne en est un bon exemple. Ces « cadres stratégiques » souffrent en revanche de difficultés de mise en œuvre tant la coordination entre les différents partenaires sur un périmètre étendu est souvent difficile et coûteuse.
La deuxième famille, celle des « programmes et dispositifs fondés sur des défis », couvre un champ plus étroit, des objectifs plus ciblés; ils sont le plus souvent pilotés par un groupe d'agences. Ces programmes cherchent à apporter des solutions concrètes à des problèmes ambitieux, et sont moins complexes et moins coûteux que les grandes missions nationales. De ce fait, ces initiatives très agiles manquent parfois des ressources nécessaires à une large diffusion et un changement d'échelle des solutions qu'elles ont contribué à développer.
La troisième et dernière famille de POM rassemble les « dispositifs orientés mission de soutien aux écosystèmes », qui visent à faire émerger et à structurer des écosystèmes d'innovation nationaux ou régionaux autour d'un défi commun. L'État détermine les grands enjeux (par exemple le changement climatique) et crée les incitations et les conditions pour que les acteurs (recherche publique, industriels, etc.) fixent des objectifs dans le cadre de ces enjeux, et déterminent les moyens de les atteindre. Ces dispositifs bénéficient souvent d'un réel engagement des partenaires dans la réalisation de leur feuille de route, puisqu'ils l'ont collectivement conçue. Ils peuvent cependant être sujets à des stratégies de « capture » par certains acteurs dominants.
Dans un ouvrage publié sur le site de la Fabrique de l'industrie, un expert de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que depuis le début des années 2010, la mise en place de politiques ambitieuses en matière de recherche et d'innovation, s'attaquant notamment aux grands défis énergétiques, numériques, environnementaux et géopolitiques, est une priorité stratégique des pays de l'OCDE et au-delà. En effet, pour s'attaquer à des problèmes de plus en plus systémiques, les pays n'ont plus d'autre choix que de mettre en œuvre des politiques dotées d'une approche et de moyens holistiques. C'est ce qui explique l'appétence grandissante pour les politiques « orientées mission » (POM), conçues pour mobiliser les activités de recherche et d'innovation nécessaires à la résolution de défis sociétaux.
Concrètement, une POM doit répondre à un objectif précis et ambitieux, selon un calendrier préétabli. Elle doit permettre à un pays de fédérer tous les acteurs autour de cet objectif et de faire tout ce qui est nécessaire, dans tous les domaines, pour le réaliser. Ces politiques doivent en effet couvrir toutes les composantes de la chaîne d'innovation, de la recherche jusqu'à la mise sur le marché, être multidisciplinaires et multisectorielles, coordonner tous les acteurs impliqués et les mettre en cohérence et, enfin, utiliser différents instruments de soutien. Les trois points clés des POM sont ainsi l'orientation, la coordination et l'intégration.
Les travaux menés par l'OCDE ont toutefois permis de distinguer trois familles de POM.
La première famille, celle des « cadres stratégiques d'ensemble orientés mission », regroupe les initiatives de grande envergure, mises en place au plus haut niveau d'un système national d'innovation (organisation centrale, comité interministériel) pour coordonner des acteurs publics et privés au service de larges missions. Le programme-cadre Horizon Europe de l'Union européenne en est un bon exemple. Ces « cadres stratégiques » souffrent en revanche de difficultés de mise en œuvre tant la coordination entre les différents partenaires sur un périmètre étendu est souvent difficile et coûteuse.
La deuxième famille, celle des « programmes et dispositifs fondés sur des défis », couvre un champ plus étroit, des objectifs plus ciblés; ils sont le plus souvent pilotés par un groupe d'agences. Ces programmes cherchent à apporter des solutions concrètes à des problèmes ambitieux, et sont moins complexes et moins coûteux que les grandes missions nationales. De ce fait, ces initiatives très agiles manquent parfois des ressources nécessaires à une large diffusion et un changement d'échelle des solutions qu'elles ont contribué à développer.
La troisième et dernière famille de POM rassemble les « dispositifs orientés mission de soutien aux écosystèmes », qui visent à faire émerger et à structurer des écosystèmes d'innovation nationaux ou régionaux autour d'un défi commun. L'État détermine les grands enjeux (par exemple le changement climatique) et crée les incitations et les conditions pour que les acteurs (recherche publique, industriels, etc.) fixent des objectifs dans le cadre de ces enjeux, et déterminent les moyens de les atteindre. Ces dispositifs bénéficient souvent d'un réel engagement des partenaires dans la réalisation de leur feuille de route, puisqu'ils l'ont collectivement conçue. Ils peuvent cependant être sujets à des stratégies de « capture » par certains acteurs dominants.