Qui détient le capital des entreprises extractrices de matières premières critiques?
Un document de la Banque de France analyse la détention du capital des principales entreprises cotées impliquées dans l’extraction de matières premières critiques (MPC).
Si la très forte concentration géographique des ressources est bien documentée, la question du contrôle du capital des entreprises extractrices est en revanche peu explorée, alors même qu’elle est cruciale pour évaluer les dépendances stratégiques. Les auteurs ont donc construit une base de données détaillée documentant l’origine géographique et les caractéristiques des actionnaires des entreprises minières cotées pour cinq MPC (cobalt, cuivre, lithium, nickel et terres rares). Par souci de robustesse, ils ont aussi élaboré plusieurs indicateurs de détention du capital, tels que des indicateurs pondérés par la capitalisation boursière ou par la production mondiale de MPC.
Pour compléter l’analyse, ils ont élaboré des indicateurs reposant sur des seuils de contrôle, notamment des seuils de détention majoritaire. Ils soulignent l’écart entre la distribution géographique de la production et celle des investisseurs. En outre, ils montrent la prépondérance des investisseurs stratégiques, tels que les entreprises d’État, dans la détention du capital des entreprises minières. Les différents indicateurs concordent : les investisseurs extracommunautaires contrôlent l’essentiel du capital des entreprises extractrices de MPC.
Rappelons, par exemple, que 73 % de l’extraction mondiale de cobalt est effectuée en République démocratique du Congo (RDC), que 69 % des terres rares sont extraites en Chine et que l’Indonésie représente la moitié de l’approvisionnement mondial en nickel (selon les données de l’US Geological Survey – USGS). La concentration de l’offre suscite des inquiétudes : les pays producteurs pourraient utiliser leur position de marché comme levier pour poursuivre d’autres objectifs stratégiques.
La position dominante des investisseurs chinois est particulièrement notable dans l’extraction de terres rares, de cobalt et, dans une moindre mesure, de lithium. Outre les investisseurs chinois, les investisseurs des États-Unis détiennent d’importantes participations, en particulier dans les secteurs du lithium et du cuivre. Bien que les investisseurs latino-américains détiennent une part significative du capital des entreprises productrices de lithium et de cuivre, ils sont sous-représentés eu égard au poids de cette région dans la production mondiale de ces minerais. Le poids des investisseurs australiens est également relativement limité pour le lithium, par rapport à l’importance des ressources australiennes en lithium. L’Australie produit en effet la moitié du lithium mondial (USGS, 2023). Toutefois, deux de ses plus grandes mines de lithium sont contrôlées par des capitaux chinois.
Les résultats suggèrent que les investisseurs chinois sont majoritairement des investisseurs stratégiques, ce qui est cohérent avec la littérature existante. Les investisseurs stratégiques jouent également un rôle important dans l’exploitation des ressources de lithium et de cuivre en Amérique latine.
Un document de la Banque de France analyse la détention du capital des principales entreprises cotées impliquées dans l’extraction de matières premières critiques (MPC).
Si la très forte concentration géographique des ressources est bien documentée, la question du contrôle du capital des entreprises extractrices est en revanche peu explorée, alors même qu’elle est cruciale pour évaluer les dépendances stratégiques. Les auteurs ont donc construit une base de données détaillée documentant l’origine géographique et les caractéristiques des actionnaires des entreprises minières cotées pour cinq MPC (cobalt, cuivre, lithium, nickel et terres rares). Par souci de robustesse, ils ont aussi élaboré plusieurs indicateurs de détention du capital, tels que des indicateurs pondérés par la capitalisation boursière ou par la production mondiale de MPC.
Pour compléter l’analyse, ils ont élaboré des indicateurs reposant sur des seuils de contrôle, notamment des seuils de détention majoritaire. Ils soulignent l’écart entre la distribution géographique de la production et celle des investisseurs. En outre, ils montrent la prépondérance des investisseurs stratégiques, tels que les entreprises d’État, dans la détention du capital des entreprises minières. Les différents indicateurs concordent : les investisseurs extracommunautaires contrôlent l’essentiel du capital des entreprises extractrices de MPC.
Rappelons, par exemple, que 73 % de l’extraction mondiale de cobalt est effectuée en République démocratique du Congo (RDC), que 69 % des terres rares sont extraites en Chine et que l’Indonésie représente la moitié de l’approvisionnement mondial en nickel (selon les données de l’US Geological Survey – USGS). La concentration de l’offre suscite des inquiétudes : les pays producteurs pourraient utiliser leur position de marché comme levier pour poursuivre d’autres objectifs stratégiques.
La position dominante des investisseurs chinois est particulièrement notable dans l’extraction de terres rares, de cobalt et, dans une moindre mesure, de lithium. Outre les investisseurs chinois, les investisseurs des États-Unis détiennent d’importantes participations, en particulier dans les secteurs du lithium et du cuivre. Bien que les investisseurs latino-américains détiennent une part significative du capital des entreprises productrices de lithium et de cuivre, ils sont sous-représentés eu égard au poids de cette région dans la production mondiale de ces minerais. Le poids des investisseurs australiens est également relativement limité pour le lithium, par rapport à l’importance des ressources australiennes en lithium. L’Australie produit en effet la moitié du lithium mondial (USGS, 2023). Toutefois, deux de ses plus grandes mines de lithium sont contrôlées par des capitaux chinois.
Les résultats suggèrent que les investisseurs chinois sont majoritairement des investisseurs stratégiques, ce qui est cohérent avec la littérature existante. Les investisseurs stratégiques jouent également un rôle important dans l’exploitation des ressources de lithium et de cuivre en Amérique latine.