L’innovation de rupture, terrain de jeu exclusif des jeunes pousses?
Cette recherche de la Fabrique de l’industrie (France) propose une analyse originale de données de brevets portant sur 12 domaines technologiques, dont 8 concourent à la transition écologique, notamment l’hydrogène décarboné, les batteries pour véhicules électriques ou encore l’acier bas carbone dans le domaine industriel.
Elle étudie également les apports respectifs des acteurs publics et privés. Chaque année, la grande majorité des demandes de brevets relatives aux innovations de rupture sont déposées par des entreprises. La recherche publique occupe très souvent une place modeste, où qu’elle soit dans le monde. Cependant, elle peut jouer un rôle incontournable dans la genèse des innovations de rupture. L’étude porte aussi un regard sur les rôles respectifs des jeunes pousses et des grandes entreprises.
L’enjeu pour les États est non seulement de répondre aux grands défis sociétaux, mais aussi de ne pas prendre de retard face à leurs homologues, dont certains n’hésitent pas à soutenir lourdement « leurs » entreprises pour dominer des secteurs clés.
De ce point de vue, les pays européens accusent un retard important vis-à-vis des champions mondiaux : hormis l’Allemagne, qui figure parmi les quatre premiers déposants mondiaux de demandes de brevets dans la moitié des domaines technologiques étudiés, les autres pays européens comptent rarement parmi les chefs de file. Face à l’Europe, une poignée de quatre pays (États-Unis, Chine, Japon et Corée du Sud) occupent très souvent les premières places du podium.
Leur domination est d’autant plus frappante qu’ils concentrent systématiquement au moins la moitié des demandes de brevets déposées dans le monde, et parfois jusqu’aux trois quarts (on ne tient compte ici que des demandes de brevets déposées dans au moins deux offices nationaux, autrement dit, celles qui ont une portée inventive reconnue et ne se limitent pas à un rôle purement défensif).
Pour ce qui est des apports respectifs des acteurs publics et privés, la recherche montre que les cas les plus emblématiques de cette domination quasi exclusive des entreprises sont les batteries pour véhicules électriques et l’hydrogène décarboné : les innovations dans ces domaines sont à l’origine de plus de 90 % des dépôts de demandes de brevet tout au long de la période étudiée, soit entre 2010 et 2019. Néanmoins, la recherche publique fait parfois figure de pionnière, par exemple dans le domaine de l’ARN messager, où elle était à l’origine de la moitié des dépôts de demandes de brevet en 2010, pour n’en représenter plus qu’un tiers en 2019.
Enfin, en ce qui concerne les rôles respectifs des jeunes pousses et des grandes entreprises dans l’avènement des innovations de rupture, l’analyse bibliométrique montre en réalité que, d’un domaine technologique à l’autre, la dynamique d’innovation n’obéit pas aux mêmes schémas, et qu’elle ne se résume pas à une alternative entre les archétypes schumpétériens « Mark I » (dans lequel les innovations de rupture sont apportées par des nouveaux entrants de petite taille acceptant de prendre de gros risques) et « Mark II » (dans lequel les entreprises historiques maintiennent leur avance technologique en exploitant leurs connaissances antérieures).
Cette recherche de la Fabrique de l’industrie (France) propose une analyse originale de données de brevets portant sur 12 domaines technologiques, dont 8 concourent à la transition écologique, notamment l’hydrogène décarboné, les batteries pour véhicules électriques ou encore l’acier bas carbone dans le domaine industriel.
Elle étudie également les apports respectifs des acteurs publics et privés. Chaque année, la grande majorité des demandes de brevets relatives aux innovations de rupture sont déposées par des entreprises. La recherche publique occupe très souvent une place modeste, où qu’elle soit dans le monde. Cependant, elle peut jouer un rôle incontournable dans la genèse des innovations de rupture. L’étude porte aussi un regard sur les rôles respectifs des jeunes pousses et des grandes entreprises.
L’enjeu pour les États est non seulement de répondre aux grands défis sociétaux, mais aussi de ne pas prendre de retard face à leurs homologues, dont certains n’hésitent pas à soutenir lourdement « leurs » entreprises pour dominer des secteurs clés.
De ce point de vue, les pays européens accusent un retard important vis-à-vis des champions mondiaux : hormis l’Allemagne, qui figure parmi les quatre premiers déposants mondiaux de demandes de brevets dans la moitié des domaines technologiques étudiés, les autres pays européens comptent rarement parmi les chefs de file. Face à l’Europe, une poignée de quatre pays (États-Unis, Chine, Japon et Corée du Sud) occupent très souvent les premières places du podium.
Leur domination est d’autant plus frappante qu’ils concentrent systématiquement au moins la moitié des demandes de brevets déposées dans le monde, et parfois jusqu’aux trois quarts (on ne tient compte ici que des demandes de brevets déposées dans au moins deux offices nationaux, autrement dit, celles qui ont une portée inventive reconnue et ne se limitent pas à un rôle purement défensif).
Pour ce qui est des apports respectifs des acteurs publics et privés, la recherche montre que les cas les plus emblématiques de cette domination quasi exclusive des entreprises sont les batteries pour véhicules électriques et l’hydrogène décarboné : les innovations dans ces domaines sont à l’origine de plus de 90 % des dépôts de demandes de brevet tout au long de la période étudiée, soit entre 2010 et 2019. Néanmoins, la recherche publique fait parfois figure de pionnière, par exemple dans le domaine de l’ARN messager, où elle était à l’origine de la moitié des dépôts de demandes de brevet en 2010, pour n’en représenter plus qu’un tiers en 2019.
Enfin, en ce qui concerne les rôles respectifs des jeunes pousses et des grandes entreprises dans l’avènement des innovations de rupture, l’analyse bibliométrique montre en réalité que, d’un domaine technologique à l’autre, la dynamique d’innovation n’obéit pas aux mêmes schémas, et qu’elle ne se résume pas à une alternative entre les archétypes schumpétériens « Mark I » (dans lequel les innovations de rupture sont apportées par des nouveaux entrants de petite taille acceptant de prendre de gros risques) et « Mark II » (dans lequel les entreprises historiques maintiennent leur avance technologique en exploitant leurs connaissances antérieures).