Les États-Unis ont un problème d’innovation
Les politiciens devraient prendre beaucoup plus au sérieux les questions de recherche et développement et de pouvoir des entreprises, soutient Gillian Tett dans une chronique au Financial Times.
Comment stimuler la croissance économique? C’est une question qui hante à peu près tous les gouvernements. Jusqu’à présent, les économistes se sont concentrés sur une réponse évidente : la croissance augmente lorsque la productivité augmente, et celle-ci est généralement stimulée par l’optimisation du potentiel de la recherche et développement (R-D). C’est pourquoi les politiciens appellent à davantage de R-D pour plaire au public.
Tout cela semble logique. Cependant, le rapport Finances et développement du Fonds monétaire international devrait donner matière à réflexion. Ufuk Akcigit, économiste à l’Université de Chicago, a analysé les tendances de la productivité aux États-Unis et a repéré un paradoxe.
D’un côté, la R-D des États-Unis a augmenté au cours des dernières décennies, passant de 2,2 % du PIB dans les années 1980 à 3,4 % en 2021. Cela reflète un doublement de la R-D du secteur privé à 2,5 % du PIB. Dans le même temps, la proportion de la population impliquée dans la production de brevets a presque doublé au cours de cette période.
Mais il y a un gros problème. Bien que les « modèles économiques conventionnels » impliquent que des augmentations des dépenses de R-D à cette échelle « auraient dû conduire à une accélération de la croissance économique », cela n’a pas eu lieu.
Michael Peters, économiste à Yale, expose la mauvaise nouvelle : alors que la productivité du travail a augmenté en moyenne de 2,3 % entre 1947 et 2005, entre 2005 et 2018, elle est tombée à 1,3 %. Cela a coûté aux États-Unis une production estimée à 11 000 milliards de dollars US, selon ses calculs.
Pourquoi? Une explication possible est que les données sont erronées. Comme la chroniqueuse Gillian Tett l’a souvent souligné, il est difficile de mesurer la productivité dans une économie numérique, car de nombreux échanges se font sans argent (par exemple, lorsque des données sont échangées contre des services). Un autre problème est que l’innovation est inégalement répartie : si certaines entreprises adoptent rapidement de nouvelles idées, ce n’est pas le cas dans des secteurs comme l’éducation.
Cependant, Akcigit pense que le véritable coupable est « un changement important dans le paysage de l’innovation aux États-Unis », qui affecte « la façon dont les dépenses en R-D sont allouées ». Les économistes pensaient autrefois que la R-D serait utilisée par les entreprises naissantes pour défier les entreprises en place. Cependant, aujourd’hui, les entreprises en place utilisent plus souvent la R-D pour consolider leur domination.
Ainsi, alors que 48 % de tous les inventeurs travaillaient pour de grandes entreprises en 2000, ce pourcentage est passé à 58 % en 2015. Mais, ironiquement, l’étude suggère que les inventeurs sont devenus moins innovants dans les services de R-D de ces entreprises en place. L’augmentation des fonds destinés à la R-D n’est pas toujours un coup de baguette magique – du moins pas dans un contexte de concentration accrue des entreprises. Certains économistes du Information Technology & Innovation Foundation se demandent également si la concentration des entreprises nuit réellement à la croissance. De tels arguments ne peuvent être écartés à la légère. Mais si l’argument d’Akcigit est à moitié correct, cela soulève de grandes questions sur l’avenir des États-Unis.
Les politiciens devraient prendre beaucoup plus au sérieux les questions de recherche et développement et de pouvoir des entreprises, soutient Gillian Tett dans une chronique au Financial Times.
Comment stimuler la croissance économique? C’est une question qui hante à peu près tous les gouvernements. Jusqu’à présent, les économistes se sont concentrés sur une réponse évidente : la croissance augmente lorsque la productivité augmente, et celle-ci est généralement stimulée par l’optimisation du potentiel de la recherche et développement (R-D). C’est pourquoi les politiciens appellent à davantage de R-D pour plaire au public.
Tout cela semble logique. Cependant, le rapport Finances et développement du Fonds monétaire international devrait donner matière à réflexion. Ufuk Akcigit, économiste à l’Université de Chicago, a analysé les tendances de la productivité aux États-Unis et a repéré un paradoxe.
D’un côté, la R-D des États-Unis a augmenté au cours des dernières décennies, passant de 2,2 % du PIB dans les années 1980 à 3,4 % en 2021. Cela reflète un doublement de la R-D du secteur privé à 2,5 % du PIB. Dans le même temps, la proportion de la population impliquée dans la production de brevets a presque doublé au cours de cette période.
Mais il y a un gros problème. Bien que les « modèles économiques conventionnels » impliquent que des augmentations des dépenses de R-D à cette échelle « auraient dû conduire à une accélération de la croissance économique », cela n’a pas eu lieu.
Michael Peters, économiste à Yale, expose la mauvaise nouvelle : alors que la productivité du travail a augmenté en moyenne de 2,3 % entre 1947 et 2005, entre 2005 et 2018, elle est tombée à 1,3 %. Cela a coûté aux États-Unis une production estimée à 11 000 milliards de dollars US, selon ses calculs.
Pourquoi? Une explication possible est que les données sont erronées. Comme la chroniqueuse Gillian Tett l’a souvent souligné, il est difficile de mesurer la productivité dans une économie numérique, car de nombreux échanges se font sans argent (par exemple, lorsque des données sont échangées contre des services). Un autre problème est que l’innovation est inégalement répartie : si certaines entreprises adoptent rapidement de nouvelles idées, ce n’est pas le cas dans des secteurs comme l’éducation.
Cependant, Akcigit pense que le véritable coupable est « un changement important dans le paysage de l’innovation aux États-Unis », qui affecte « la façon dont les dépenses en R-D sont allouées ». Les économistes pensaient autrefois que la R-D serait utilisée par les entreprises naissantes pour défier les entreprises en place. Cependant, aujourd’hui, les entreprises en place utilisent plus souvent la R-D pour consolider leur domination.
Ainsi, alors que 48 % de tous les inventeurs travaillaient pour de grandes entreprises en 2000, ce pourcentage est passé à 58 % en 2015. Mais, ironiquement, l’étude suggère que les inventeurs sont devenus moins innovants dans les services de R-D de ces entreprises en place. L’augmentation des fonds destinés à la R-D n’est pas toujours un coup de baguette magique – du moins pas dans un contexte de concentration accrue des entreprises. Certains économistes du Information Technology & Innovation Foundation se demandent également si la concentration des entreprises nuit réellement à la croissance. De tels arguments ne peuvent être écartés à la légère. Mais si l’argument d’Akcigit est à moitié correct, cela soulève de grandes questions sur l’avenir des États-Unis.