Un nouveau rapport publié par la Brookings Institution avance qu’une nouvelle érosion démocratique aux États-Unis aurait de graves conséquences économiques. Les autocrates et les dirigeants populistes nuisent de manière mesurable à l’économie de leur pays, et certaines entreprises et certains secteurs courent un risque d’ingérence particulièrement élevé.

La valeur économique de la démocratie libérale est incontestable. Les économistes ont découvert que les pays dirigés par des populistes, qu’ils soient de droite ou de gauche, voient leur produit intérieur brut (PIB) par habitant diminuer de 10 % au cours des 15 premières années. La démocratisation, elle, augmente la croissance du PIB par habitant de 20 à 25 % au cours des décennies suivantes.

À mesure que la démocratie décline, presque toutes les entreprises seront donc confrontées à des coûts importants. Mais certains secteurs et industries courent des risques particulièrement élevés dans des conditions d’érosion démocratique :

• Les entreprises très exposées aux décisions gouvernementales :
  Les entreprises qui dépendent des contrats ou des licences du gouvernement, ou qui sont exposées à des audits ou à des contrôles réglementaires, sont des cibles particulièrement faciles pour les autocrates potentiels.
• Les entreprises qui dépendent des investissements ou des services publics :
  Les entreprises qui utilisent des données gouvernementales peuvent trouver les données moins fiables si des données précises sont perçues comme préjudiciables au parti au pouvoir.
• Les entreprises qui investissent à plus long terme :
  En raison de l’instabilité politique qui accompagne souvent l’érosion démocratique, les entreprises qui doivent réaliser des investissements à long terme (par exemple, celles qui effectuent des investissements en capital difficiles à déplacer) sont particulièrement exposées à ce risque.
• Les entreprises qui dépendent d’une main-d’œuvre hautement qualifiée :
  La fuite des cerveaux est déjà un problème dans de nombreux États. Les travailleurs plus jeunes dotés de niveaux élevés de capital humain ont tendance à se tourner vers les endroits dotés d’une forte offre de biens publics et à prendre en compte l’environnement politique dans leur recherche d’emploi.
• Les entreprises des médias, du divertissement et des communications :
  Le contrôle du discours public est une stratégie clé pour les dirigeants politiques qui cherchent à accroître leur pouvoir. Les autocrates potentiels cherchent donc généralement à dominer les entreprises des secteurs des médias, du divertissement et des communications, y compris les producteurs de contenu médiatique et les propriétaires des médias.
• Les entreprises dans les domaines de la science, de la médecine et de l’éducation :
  Les faits peuvent mettre en danger un régime autocratique, soit en révélant les échecs du gouvernement, soit en sapant les mythes d’autojustification du régime. Les entreprises dans les domaines de la science, de la médecine et de l’éducation sont donc susceptibles de faire l’objet de niveaux élevés de surveillance et d’efforts de contrôle.
• Les entreprises dépendant de la présence de clients en personne et les entreprises du tourisme :
  Les entreprises qui dépendent de la présence de clients en personne peuvent voir leurs bénéfices diminuer si une région est confrontée à des violences politiques ou ethniques. L’effet dissuasif peut s’appliquer à des quartiers entiers, à des villes et même à des États, dans la mesure où les clients potentiels choisissent d’éviter les endroits qui ont acquis une réputation de violation des droits civiques, d’instabilité politique ou de violence politique.