La transition énergétique face à la réalité
Compte tenu de l'ampleur et de la complexité de l'abandon des hydrocarbures, Daniel Yergin, historien spécialiste de l'énergie, craint, dans un article sur le site Project Syndicate, que l'analyse économique ait été négligée dans le processus de planification des politiques.
La « transition énergétique » des hydrocarbures vers les énergies renouvelables et l'électrification est aujourd'hui au premier plan des débats politiques. Mais le développement, le déploiement et la mise à l'échelle des nouvelles technologies dont dépend finalement la transition ne seront déterminés qu'au fil du temps.
Alors que la technologie et l'avantage économique étaient à l'origine des premières transitions, la politique publique est désormais le facteur le plus important. Les transitions énergétiques précédentes n'ont pas complètement remplacé les technologies en place. Le pétrole a dépassé le charbon en tant que première source d'énergie au monde dans les années 1960, mais nous utilisons maintenant trois fois plus de charbon qu'à l'époque, la consommation mondiale ayant atteint un niveau record en 2022.
Dans un article de 2021, l'économiste Jean Pisani-Ferry note qu'une évolution trop rapide vers des émissions nettes nulles pourrait précipiter « un choc d'offre négatif » – un peu comme les chocs des années 1970. L'évolution depuis que les marchés de l'énergie ont commencé à se resserrer à la fin de l'été 2021 indique quatre grands défis à surveiller.
Premièrement, en grande partie à cause des perturbations causées par la guerre de la Russie en Ukraine, la sécurité énergétique, ce qui signifie assurer un approvisionnement adéquat et à un prix raisonnable et une protection contre les risques géopolitiques et les difficultés économiques, est redevenue une priorité absolue. Le président Joe Biden, entre autres, a exhorté les entreprises nationales à augmenter leur production de pétrole et à libérer des approvisionnements de la réserve stratégique de pétrole.
Le deuxième défi en est un d'échelle. L'économie mondiale actuelle de 100 billions $ US dépend des hydrocarbures pour plus de 80 % de son énergie, et quelque chose d'aussi massif et complexe que le système énergétique mondial ne peut être facilement transformé. Le spécialiste de l'énergie Vaclav Smil affirme dans un livre que les quatre « piliers essentiels de la civilisation moderne » sont le ciment, l'acier, les plastiques et l'ammoniac (pour les engrais), chacun d'entre eux étant fortement dépendant du système énergétique existant. Les principaux effets de l'efficacité énergétique se manifesteront dans les pays développés plutôt que dans le monde en développement, où vit 80 % de la population mondiale et où la hausse des revenus entraînera une augmentation de la demande énergétique.
Cela renvoie au troisième défi : le nouveau clivage Nord-Sud. Dans les pays du Nord, le changement climatique est en tête des enjeux politiques. Mais dans les pays du Sud, cette priorité coexiste avec d'autres priorités essentielles.
Le quatrième défi concerne les exigences matérielles de la transition énergétique, soit l'extraction des minéraux pour lesquels la demande augmentera énormément dans un monde qui devient de plus en plus électrifié. Dans une nouvelle étude de S&P, on indique que l'approvisionnement en cuivre devra doubler pour soutenir les objectifs climatiques mondiaux de 2050.
Compte tenu de l'ampleur et de la complexité de l'abandon des hydrocarbures, Daniel Yergin, historien spécialiste de l'énergie, craint, dans un article sur le site Project Syndicate, que l'analyse économique ait été négligée dans le processus de planification des politiques.
La « transition énergétique » des hydrocarbures vers les énergies renouvelables et l'électrification est aujourd'hui au premier plan des débats politiques. Mais le développement, le déploiement et la mise à l'échelle des nouvelles technologies dont dépend finalement la transition ne seront déterminés qu'au fil du temps.
Alors que la technologie et l'avantage économique étaient à l'origine des premières transitions, la politique publique est désormais le facteur le plus important. Les transitions énergétiques précédentes n'ont pas complètement remplacé les technologies en place. Le pétrole a dépassé le charbon en tant que première source d'énergie au monde dans les années 1960, mais nous utilisons maintenant trois fois plus de charbon qu'à l'époque, la consommation mondiale ayant atteint un niveau record en 2022.
Dans un article de 2021, l'économiste Jean Pisani-Ferry note qu'une évolution trop rapide vers des émissions nettes nulles pourrait précipiter « un choc d'offre négatif » – un peu comme les chocs des années 1970. L'évolution depuis que les marchés de l'énergie ont commencé à se resserrer à la fin de l'été 2021 indique quatre grands défis à surveiller.
Premièrement, en grande partie à cause des perturbations causées par la guerre de la Russie en Ukraine, la sécurité énergétique, ce qui signifie assurer un approvisionnement adéquat et à un prix raisonnable et une protection contre les risques géopolitiques et les difficultés économiques, est redevenue une priorité absolue. Le président Joe Biden, entre autres, a exhorté les entreprises nationales à augmenter leur production de pétrole et à libérer des approvisionnements de la réserve stratégique de pétrole.
Le deuxième défi en est un d'échelle. L'économie mondiale actuelle de 100 billions $ US dépend des hydrocarbures pour plus de 80 % de son énergie, et quelque chose d'aussi massif et complexe que le système énergétique mondial ne peut être facilement transformé. Le spécialiste de l'énergie Vaclav Smil affirme dans un livre que les quatre « piliers essentiels de la civilisation moderne » sont le ciment, l'acier, les plastiques et l'ammoniac (pour les engrais), chacun d'entre eux étant fortement dépendant du système énergétique existant. Les principaux effets de l'efficacité énergétique se manifesteront dans les pays développés plutôt que dans le monde en développement, où vit 80 % de la population mondiale et où la hausse des revenus entraînera une augmentation de la demande énergétique.
Cela renvoie au troisième défi : le nouveau clivage Nord-Sud. Dans les pays du Nord, le changement climatique est en tête des enjeux politiques. Mais dans les pays du Sud, cette priorité coexiste avec d'autres priorités essentielles.
Le quatrième défi concerne les exigences matérielles de la transition énergétique, soit l'extraction des minéraux pour lesquels la demande augmentera énormément dans un monde qui devient de plus en plus électrifié. Dans une nouvelle étude de S&P, on indique que l'approvisionnement en cuivre devra doubler pour soutenir les objectifs climatiques mondiaux de 2050.