La politique économique de la chaîne d’approvisionnement : la « circulation duale », le « dérisquage » et la « doctrine Sullivan »
Dans un document diffusé sur le site de l'Insitut C.D. Howe, Dan Ciuriak soutient que l'organisation géographique des chaînes d'approvisionnement mondiales a été affectée par plusieurs chocs indépendants.
Les chaînes d'approvisionnement ont été politisées, et divers termes sont entrés dans le lexique : la relocalisation, la délocalisation de proximité, l'économie d'affinité, le dérisquage et le découplage. Dans sa recherche, l'auteur a tenté de clarifier la politique économique de la chaîne d'approvisionnement et de décrire comment les doctrines adoptées par les grandes puissances économiques s'alignent sur ces distinctions conceptuelles et se rapportent aux stratégies standard de gestion des risques d'approvisionnement par les entreprises et les gouvernements.
Plusieurs commentaires généraux peuvent être faits sur cette série d'enjeux confus. Premièrement, le choc de la production lié à la pandémie en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement est passé à l'arrière-plan de la discussion. Alors que les entreprises et les gouvernements voudront tirer des leçons pour la résilience de leurs chaînes d'approvisionnement face à de tels chocs imprévus, au final, le système de production « Fabriqué dans le monde » a bien réagi aux chocs. Le commerce en tant que part du PIB mondial continue d'augmenter, quoique beaucoup plus graduellement qu'avant.
Deuxièmement, le facteur qui a le plus d'impact sur les chaînes d'approvisionnement à l'heure actuelle est la concurrence géopolitique quant aux technologies fondamentales. Les grandes économies sont sur la même longueur d'onde à ce sujet : elles veulent toutes dominer le marché ou au moins s'emparer d'une part importante de celui-ci.
Ceux qui contrôlent les technologies faisant partie de la chaîne d'approvisionnement pour le développement des technologies fondamentales – les États-Unis et l'Union européenne – cherchent à refuser l'accès à leurs rivaux (c'est-à-dire la Chine). Ceux qui cherchent à rattraper leur retard (c'est-à-dire la Chine) investissent massivement pour créer des sources d'approvisionnement indépendantes parallèles.
Dans l'ensemble, le système « Fabriqué dans le monde » qui a évolué sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce reste bien vivant et intègre les caractéristiques souhaitées de la chaîne d'approvisionnement que sont la robustesse, la flexibilité et la résilience. Pour la plupart des pays, il est tout à fait impossible de rechercher l'autosuffisance, et les réponses aux chocs sont nécessairement une combinaison de préparation aux situations d'urgence et d'approvisionnement international.
Les politiques industrielles demeurent irrésistibles pour les gouvernements lorsque de nouvelles technologies majeures sont en jeu, malgré une histoire douteuse. Cependant, les mêmes logiques ne s'étendent pas à l'ensemble des biens et services. L'organisation de la chaîne d'approvisionnement devrait rester principalement du ressort de l'entreprise, permettant à la myriade d'entreprises participant à une myriade de chaînes d'approvisionnement de s'adapter à l'évolution des conditions économiques et technologiques pour garder le système robuste, flexible et résilient.
Enfin, la restructuration de la chaîne d'approvisionnement motivée par des considérations politiques implique des coûts potentiellement importants pour le trésor public. La militarisation des chaînes d'approvisionnement dans le cadre de la doctrine Sullivan soulève des risques beaucoup plus importants à plus long terme. La Chine a prouvé qu'elle avait la capacité de repousser la frontière technologique. Loin d'être coupée de la technologie mondiale, elle est devenue le premier importateur de technologie.
Dans un document diffusé sur le site de l'Insitut C.D. Howe, Dan Ciuriak soutient que l'organisation géographique des chaînes d'approvisionnement mondiales a été affectée par plusieurs chocs indépendants.
Les chaînes d'approvisionnement ont été politisées, et divers termes sont entrés dans le lexique : la relocalisation, la délocalisation de proximité, l'économie d'affinité, le dérisquage et le découplage. Dans sa recherche, l'auteur a tenté de clarifier la politique économique de la chaîne d'approvisionnement et de décrire comment les doctrines adoptées par les grandes puissances économiques s'alignent sur ces distinctions conceptuelles et se rapportent aux stratégies standard de gestion des risques d'approvisionnement par les entreprises et les gouvernements.
Plusieurs commentaires généraux peuvent être faits sur cette série d'enjeux confus. Premièrement, le choc de la production lié à la pandémie en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement est passé à l'arrière-plan de la discussion. Alors que les entreprises et les gouvernements voudront tirer des leçons pour la résilience de leurs chaînes d'approvisionnement face à de tels chocs imprévus, au final, le système de production « Fabriqué dans le monde » a bien réagi aux chocs. Le commerce en tant que part du PIB mondial continue d'augmenter, quoique beaucoup plus graduellement qu'avant.
Deuxièmement, le facteur qui a le plus d'impact sur les chaînes d'approvisionnement à l'heure actuelle est la concurrence géopolitique quant aux technologies fondamentales. Les grandes économies sont sur la même longueur d'onde à ce sujet : elles veulent toutes dominer le marché ou au moins s'emparer d'une part importante de celui-ci.
Ceux qui contrôlent les technologies faisant partie de la chaîne d'approvisionnement pour le développement des technologies fondamentales – les États-Unis et l'Union européenne – cherchent à refuser l'accès à leurs rivaux (c'est-à-dire la Chine). Ceux qui cherchent à rattraper leur retard (c'est-à-dire la Chine) investissent massivement pour créer des sources d'approvisionnement indépendantes parallèles.
Dans l'ensemble, le système « Fabriqué dans le monde » qui a évolué sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce reste bien vivant et intègre les caractéristiques souhaitées de la chaîne d'approvisionnement que sont la robustesse, la flexibilité et la résilience. Pour la plupart des pays, il est tout à fait impossible de rechercher l'autosuffisance, et les réponses aux chocs sont nécessairement une combinaison de préparation aux situations d'urgence et d'approvisionnement international.
Les politiques industrielles demeurent irrésistibles pour les gouvernements lorsque de nouvelles technologies majeures sont en jeu, malgré une histoire douteuse. Cependant, les mêmes logiques ne s'étendent pas à l'ensemble des biens et services. L'organisation de la chaîne d'approvisionnement devrait rester principalement du ressort de l'entreprise, permettant à la myriade d'entreprises participant à une myriade de chaînes d'approvisionnement de s'adapter à l'évolution des conditions économiques et technologiques pour garder le système robuste, flexible et résilient.
Enfin, la restructuration de la chaîne d'approvisionnement motivée par des considérations politiques implique des coûts potentiellement importants pour le trésor public. La militarisation des chaînes d'approvisionnement dans le cadre de la doctrine Sullivan soulève des risques beaucoup plus importants à plus long terme. La Chine a prouvé qu'elle avait la capacité de repousser la frontière technologique. Loin d'être coupée de la technologie mondiale, elle est devenue le premier importateur de technologie.