La géopolitique corrode la mondialisation
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) fête ses 80 ans, sa mission macroéconomique fondamentale mérite toujours d’être poursuivie et demeure prioritaire, avance le président du Peterson Institute for International Economics dans un article publié dans le Finance & Developement Magazine.
La corrosion continue de la mondialisation – renforcée par la fragmentation géopolitique – augmente la vulnérabilité de toutes les économies, sauf les plus grandes, aux chocs économiques étrangers, aux fluctuations arbitraires de la balance des paiements courants, aux interruptions de l’accès à la liquidité en dollars et à l’accumulation d’une dette insoutenable.
La politisation croissante de la finance et du commerce international par la Chine, l’Union européenne et les États-Unis a toutefois mis en péril la capacité du FMI à aider les pays membres et à limiter les comportements abusifs des gouvernements des trois plus grandes économies. Dans l’intérêt de la stabilité économique mondiale, le FMI doit faire face à ces dangers.
Pendant ce temps, la politique industrielle est devenue plus répandue, à la fois comme idée et comme pratique. Une recherche récente publiée par le National Bureau of Economic Research montre une forte augmentation des interventions de politique industrielle dans le monde, de 228 en 2017 à 1 568 en 2022, principalement dans les pays à revenu élevé (probablement parce qu’ils disposent d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire).
Un article signé par l’économiste en chef du Financial Times soutient que les économistes reconnaissent trois arguments valables en faveur de la politique industrielle :
- Le premier concerne les « externalités ». Les plus évidentes viennent de ce que les travailleurs et les autres entreprises en tirent. Il existe également des externalités liées à la sécurité nationale et à d’autres aspects sociaux.
- Le deuxième argument concerne les échecs de coordination et d’agglomération : ainsi, plusieurs entreprises peuvent être viables si elles démarrent ensemble, mais aucune ne peut être viable si elle démarre seule.
- Le dernier argument concerne la fourniture de biens publics, en particulier de biens publics localisés, tels que les infrastructures. Il est important de noter qu’aucun de ces éléments ne constitue un argument en faveur d’une protection quelconque, puisque cette dernière n’est pas un bon moyen d’atteindre des objectifs sociaux plus vastes.
Ainsi, la politique industrielle fonctionne si elle modifie la structure de l’économie dans une direction bénéfique. Malheureusement, il existe des raisons bien connues pour lesquelles cette tentative pourrait échouer. Le manque d’informations en est une. La capture par une série d’intérêts particuliers en est une autre.
Une publication de 2021 du Peterson Institute for International Economics soulignait le succès exceptionnel de la DARPA, l’agence américaine de financement de la technologie. Une politique d’innovation réussie est donc possible. Les politiques régionales adaptées au territoire ont également parfois fonctionné.
Mais l’échec n’est pas le seul risque. Le succès en est un aussi. Les politiques industrielles peuvent en effet provoquer des représailles internationales. La Corée du Sud a utilisé la protection de ses marchés intérieurs comme moyen indirect de subventionner ses exportations, créant ainsi de nouvelles industries prospères. Mais il s’agit d’un petit pays, sous la protection des États-Unis. Pour les grands pays, les répercussions internationales doivent être prises en compte.
Aujourd’hui, la nouvelle politique industrielle la plus marquante est celle de l’administration Biden, qui sonne en même temps la fin de l’« hypermondialisation », une ère de convergence des revenus réels moyens entre pays émergents et en développement et économies à haut revenu, selon un article de Foreign Affairs. Jusqu’à quel point perdons-nous si la nouvelle ère de suspicion, de protectionnisme et d’interventionnisme se déchaîne à travers le monde?
Alors que le Fonds monétaire international (FMI) fête ses 80 ans, sa mission macroéconomique fondamentale mérite toujours d’être poursuivie et demeure prioritaire, avance le président du Peterson Institute for International Economics dans un article publié dans le Finance & Developement Magazine.
La corrosion continue de la mondialisation – renforcée par la fragmentation géopolitique – augmente la vulnérabilité de toutes les économies, sauf les plus grandes, aux chocs économiques étrangers, aux fluctuations arbitraires de la balance des paiements courants, aux interruptions de l’accès à la liquidité en dollars et à l’accumulation d’une dette insoutenable.
La politisation croissante de la finance et du commerce international par la Chine, l’Union européenne et les États-Unis a toutefois mis en péril la capacité du FMI à aider les pays membres et à limiter les comportements abusifs des gouvernements des trois plus grandes économies. Dans l’intérêt de la stabilité économique mondiale, le FMI doit faire face à ces dangers.
Pendant ce temps, la politique industrielle est devenue plus répandue, à la fois comme idée et comme pratique. Une recherche récente publiée par le National Bureau of Economic Research montre une forte augmentation des interventions de politique industrielle dans le monde, de 228 en 2017 à 1 568 en 2022, principalement dans les pays à revenu élevé (probablement parce qu’ils disposent d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire).
Un article signé par l’économiste en chef du Financial Times soutient que les économistes reconnaissent trois arguments valables en faveur de la politique industrielle :
- Le premier concerne les « externalités ». Les plus évidentes viennent de ce que les travailleurs et les autres entreprises en tirent. Il existe également des externalités liées à la sécurité nationale et à d’autres aspects sociaux.
- Le deuxième argument concerne les échecs de coordination et d’agglomération : ainsi, plusieurs entreprises peuvent être viables si elles démarrent ensemble, mais aucune ne peut être viable si elle démarre seule.
- Le dernier argument concerne la fourniture de biens publics, en particulier de biens publics localisés, tels que les infrastructures. Il est important de noter qu’aucun de ces éléments ne constitue un argument en faveur d’une protection quelconque, puisque cette dernière n’est pas un bon moyen d’atteindre des objectifs sociaux plus vastes.
Ainsi, la politique industrielle fonctionne si elle modifie la structure de l’économie dans une direction bénéfique. Malheureusement, il existe des raisons bien connues pour lesquelles cette tentative pourrait échouer. Le manque d’informations en est une. La capture par une série d’intérêts particuliers en est une autre.
Une publication de 2021 du Peterson Institute for International Economics soulignait le succès exceptionnel de la DARPA, l’agence américaine de financement de la technologie. Une politique d’innovation réussie est donc possible. Les politiques régionales adaptées au territoire ont également parfois fonctionné.
Mais l’échec n’est pas le seul risque. Le succès en est un aussi. Les politiques industrielles peuvent en effet provoquer des représailles internationales. La Corée du Sud a utilisé la protection de ses marchés intérieurs comme moyen indirect de subventionner ses exportations, créant ainsi de nouvelles industries prospères. Mais il s’agit d’un petit pays, sous la protection des États-Unis. Pour les grands pays, les répercussions internationales doivent être prises en compte.
Aujourd’hui, la nouvelle politique industrielle la plus marquante est celle de l’administration Biden, qui sonne en même temps la fin de l’« hypermondialisation », une ère de convergence des revenus réels moyens entre pays émergents et en développement et économies à haut revenu, selon un article de Foreign Affairs. Jusqu’à quel point perdons-nous si la nouvelle ère de suspicion, de protectionnisme et d’interventionnisme se déchaîne à travers le monde?