Faire face à la pandémie mondiale du crime organisé
Une recherche publiée sur le site de Project Syndicate indique que la criminalité transfrontalière organisée constitue une menace majeure et croissante pour la paix, la sécurité, les droits de la personne et le développement durable dans le monde. Bien que le problème semble faire l’objet d’une prise de conscience accrue, les réponses politiques ont été réactives plutôt que proactives, fragmentées et sous-financées.
Cette criminalité est paradoxale : omniprésente, mais invisible. Alors que les tactiques criminelles évoluent rapidement, les réponses des gouvernements sont souvent statiques. Lorsque les réseaux criminels sont confinés dans une juridiction, ils se multiplient rapidement dans une autre. Selon l’organisme Global Initiative Against Transnational Organized Crime, plus de 80 % de la population mondiale réside dans des pays où le taux de criminalité est dangereusement élevé.
Bien que le problème concerne tout le monde, il est souvent considéré comme trop sensible pour être abordé à l’échelle nationale, et encore moins à l’échelle mondiale. En conséquence, la communauté internationale n’a pas de stratégie cohérente et coordonnée pour y faire face.
Le phénomène a explosé depuis la fin de la guerre froide, en raison de trois grandes tendances :
- La première est la mondialisation. L’expansion du commerce, la déréglementation des capitaux et la multiplication des paradis fiscaux et des zones économiques spéciales ont permis aux groupes criminels d’atteindre de nouveaux clients dans le monde entier, de tirer parti des chaînes d’approvisionnement mondiales et d’exploiter la réglementation bancaire laxiste de certains pays.
- Deuxièmement, la numérisation accélère également la propagation et l’influence du crime organisé en aidant les acteurs malveillants à atteindre de nouveaux clients et de nouvelles victimes. La diffusion d’Internet, de l’infonuagique, du cryptage et de l’intelligence artificielle a considérablement réduit les coûts de la criminalité en facilitant l’évitement des forces de l’ordre et le passage d’une juridiction à une autre. Les nouvelles technologies donnent également naissance à des innovations allant des armes à feu imprimées en 3D et des drogues synthétiques – souvent commercialisées par l’entremise de l’Internet clandestin – à de nouvelles escroqueries en ligne. Les organisations criminelles multiplient les attaques automatisées en ligne, partagent leurs techniques commerciales, exploitent de nouvelles vulnérabilités informatiques et blanchissent leurs profits.
- Troisièmement, la montée des tensions géopolitiques a encore amplifié la menace et la complexité de la criminalité transfrontalière. Les conflits violents, les différends économiques et la polarisation nationale croissante détournent les gouvernements d’une approche globale de la lutte contre le crime organisé transnational. Dans le même temps, l’intensification de la concurrence mondiale a affaibli la motivation des gouvernements à coopérer, même contre des menaces communes. Pire encore, les gouvernements lourdement sanctionnés collaborent directement et indirectement avec des acteurs criminels et des réseaux intermédiaires.
Bien entendu, il existe d’autres facteurs de criminalité transnationale organisée tels que l’augmentation des inégalités, ou l’émergence de réseaux ethniques, culturels et linguistiques internationaux favorisant la « confiance criminelle » pour faciliter le trafic transfrontalier de biens illicites.
Bien que difficile à mesurer, l’écosystème de la corruption, du blanchiment d’argent et des économies parallèles qui favorisent le crime organisé s’est également développé. L’Union européenne estime que plus de 80 % des réseaux criminels utilisent des structures commerciales légales. Ces défis ne se limitent pas à l’Europe : les deux tiers de tous les pays ont de « graves » problèmes de corruption et n’ont montré que peu ou pas de progrès pour y remédier.
Le crime organisé génère des externalités négatives de grande ampleur, notamment parce qu’il fait partie des plus grandes entreprises du monde, générant jusqu’à 4 000 milliards de dollars US par an. Si l’on y ajoute les coûts économiques de la cybercriminalité (en 2022), ce chiffre triple pour atteindre 12 000 milliards de dollars.
En outre, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime estime que 2 à 5 % du PIB mondial est blanchi chaque année, ce qui reflète l’ampleur des liens entre les économies légales et illicites par le biais de transferts financiers clandestins, de véhicules d’investissement douteux et d’entreprises légitimes.
Une recherche publiée sur le site de Project Syndicate indique que la criminalité transfrontalière organisée constitue une menace majeure et croissante pour la paix, la sécurité, les droits de la personne et le développement durable dans le monde. Bien que le problème semble faire l’objet d’une prise de conscience accrue, les réponses politiques ont été réactives plutôt que proactives, fragmentées et sous-financées.
Cette criminalité est paradoxale : omniprésente, mais invisible. Alors que les tactiques criminelles évoluent rapidement, les réponses des gouvernements sont souvent statiques. Lorsque les réseaux criminels sont confinés dans une juridiction, ils se multiplient rapidement dans une autre. Selon l’organisme Global Initiative Against Transnational Organized Crime, plus de 80 % de la population mondiale réside dans des pays où le taux de criminalité est dangereusement élevé.
Bien que le problème concerne tout le monde, il est souvent considéré comme trop sensible pour être abordé à l’échelle nationale, et encore moins à l’échelle mondiale. En conséquence, la communauté internationale n’a pas de stratégie cohérente et coordonnée pour y faire face.
Le phénomène a explosé depuis la fin de la guerre froide, en raison de trois grandes tendances :
- La première est la mondialisation. L’expansion du commerce, la déréglementation des capitaux et la multiplication des paradis fiscaux et des zones économiques spéciales ont permis aux groupes criminels d’atteindre de nouveaux clients dans le monde entier, de tirer parti des chaînes d’approvisionnement mondiales et d’exploiter la réglementation bancaire laxiste de certains pays.
- Deuxièmement, la numérisation accélère également la propagation et l’influence du crime organisé en aidant les acteurs malveillants à atteindre de nouveaux clients et de nouvelles victimes. La diffusion d’Internet, de l’infonuagique, du cryptage et de l’intelligence artificielle a considérablement réduit les coûts de la criminalité en facilitant l’évitement des forces de l’ordre et le passage d’une juridiction à une autre. Les nouvelles technologies donnent également naissance à des innovations allant des armes à feu imprimées en 3D et des drogues synthétiques – souvent commercialisées par l’entremise de l’Internet clandestin – à de nouvelles escroqueries en ligne. Les organisations criminelles multiplient les attaques automatisées en ligne, partagent leurs techniques commerciales, exploitent de nouvelles vulnérabilités informatiques et blanchissent leurs profits.
- Troisièmement, la montée des tensions géopolitiques a encore amplifié la menace et la complexité de la criminalité transfrontalière. Les conflits violents, les différends économiques et la polarisation nationale croissante détournent les gouvernements d’une approche globale de la lutte contre le crime organisé transnational. Dans le même temps, l’intensification de la concurrence mondiale a affaibli la motivation des gouvernements à coopérer, même contre des menaces communes. Pire encore, les gouvernements lourdement sanctionnés collaborent directement et indirectement avec des acteurs criminels et des réseaux intermédiaires.
Bien entendu, il existe d’autres facteurs de criminalité transnationale organisée tels que l’augmentation des inégalités, ou l’émergence de réseaux ethniques, culturels et linguistiques internationaux favorisant la « confiance criminelle » pour faciliter le trafic transfrontalier de biens illicites.
Bien que difficile à mesurer, l’écosystème de la corruption, du blanchiment d’argent et des économies parallèles qui favorisent le crime organisé s’est également développé. L’Union européenne estime que plus de 80 % des réseaux criminels utilisent des structures commerciales légales. Ces défis ne se limitent pas à l’Europe : les deux tiers de tous les pays ont de « graves » problèmes de corruption et n’ont montré que peu ou pas de progrès pour y remédier.
Le crime organisé génère des externalités négatives de grande ampleur, notamment parce qu’il fait partie des plus grandes entreprises du monde, générant jusqu’à 4 000 milliards de dollars US par an. Si l’on y ajoute les coûts économiques de la cybercriminalité (en 2022), ce chiffre triple pour atteindre 12 000 milliards de dollars.
En outre, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime estime que 2 à 5 % du PIB mondial est blanchi chaque année, ce qui reflète l’ampleur des liens entre les économies légales et illicites par le biais de transferts financiers clandestins, de véhicules d’investissement douteux et d’entreprises légitimes.