Bienfaits et méfaits du nationalisme économique
Selon Dani Rodrick, spécialiste de la mondialisation économique à l’Université Havard, le monde semble entrer dans une nouvelle période de nationalisme économique.
Dans un texte d’opinion diffusé sur Project Syndicate, il estime que le nationalisme économique se présente sous différentes formes, certaines nuisibles, d’autres bénéfiques. Lorsqu’il est trop extrémiste, le nationalisme économique peut être contre-productif, mais il en va de même du libéralisme économique. Judicieusement appliqué dans un objectif légitime de politique intérieure, le nationalisme économique peut être utile à un pays sans que ce soit au détriment des autres.
Le nationalisme économique conçoit avant tout l’économie en termes de nation. Un système économique existe d’abord pour servir la nation, tout comme l’État-nation poursuit l’intérêt national. Ces formulations n’ont guère de sens si l’on ne définit pas ce qu’est le « service de la nation » ou l’« intérêt national ». Se concentrer sur l’économie nationale peut se faire sans grande conséquence, et être compatible avec une ouverture au commerce international et à la finance internationale.
Comme l’explique Marvin Suesse, un spécialiste de l’histoire économique, le nationalisme économique oscille entre deux tendances contradictoires : d’une part, la tentation de restreindre les échanges avec l’extérieur pour favoriser l’indépendance nationale, d’autre part, le désir d’élargir les liens internationaux pour les mettre au service de la croissance et du développement national.
Depuis quelques décennies, ce sont les pays « développementalistes » d’Asie de l’Est – le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et surtout la Chine – qui ont le mieux réussi à combiner ces tendances. Ils combinent l’intégration dans l’économie mondiale et la protection de certaines industries clés. Ils ont chacun à leur façon tracé leur avenir économique grâce à leur politique industrielle (crédit dirigé, subventions, barrières douanières et autres, exigences à l’égard des investisseurs étrangers en matière de production locale, etc.), qui leur a permis de développer de nouveaux domaines de compétence économique.
Il ne s’agissait pas seulement de programmes économiques, mais de projets nationaux de renouveau conçus pour rattraper l’Occident. Selon la politologue Elizabeth Thurbon et ses co-auteurs, les décideurs politiques développementalistes considèrent la capacité de production locale, l’autonomie technologique et la compétitivité à l’exportation comme les principaux piliers de la légitimité politique, de la sécurité nationale, ainsi que du statut et du prestige de leur pays sur la scène internationale. Ils estiment qu’il relève de la fonction de l’État d’intervenir en ce sens sur les marchés.
Le succès des pays d’Asie de l’Est est indéniable. En moins de deux générations, leur croissance économique rapide a élevé certains d’entre eux au rang de pays avancés, et sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté extrême.
Chacun de ces pays a été accusé de ne pas être assez ouvert, et de restreindre l’accès à son marché intérieur. Pourtant, dans l’ensemble, le nationalisme économique de l’Asie de l’Est a été une aubaine pour le reste du monde. Malgré quelques barrières commerciales ici ou là, il est probable qu’aucune autre politique économique n’aurait abouti au même résultat : des marchés vigoureux bénéfiques aux partenaires commerciaux.
Selon Dani Rodrick, spécialiste de la mondialisation économique à l’Université Havard, le monde semble entrer dans une nouvelle période de nationalisme économique.
Dans un texte d’opinion diffusé sur Project Syndicate, il estime que le nationalisme économique se présente sous différentes formes, certaines nuisibles, d’autres bénéfiques. Lorsqu’il est trop extrémiste, le nationalisme économique peut être contre-productif, mais il en va de même du libéralisme économique. Judicieusement appliqué dans un objectif légitime de politique intérieure, le nationalisme économique peut être utile à un pays sans que ce soit au détriment des autres.
Le nationalisme économique conçoit avant tout l’économie en termes de nation. Un système économique existe d’abord pour servir la nation, tout comme l’État-nation poursuit l’intérêt national. Ces formulations n’ont guère de sens si l’on ne définit pas ce qu’est le « service de la nation » ou l’« intérêt national ». Se concentrer sur l’économie nationale peut se faire sans grande conséquence, et être compatible avec une ouverture au commerce international et à la finance internationale.
Comme l’explique Marvin Suesse, un spécialiste de l’histoire économique, le nationalisme économique oscille entre deux tendances contradictoires : d’une part, la tentation de restreindre les échanges avec l’extérieur pour favoriser l’indépendance nationale, d’autre part, le désir d’élargir les liens internationaux pour les mettre au service de la croissance et du développement national.
Depuis quelques décennies, ce sont les pays « développementalistes » d’Asie de l’Est – le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et surtout la Chine – qui ont le mieux réussi à combiner ces tendances. Ils combinent l’intégration dans l’économie mondiale et la protection de certaines industries clés. Ils ont chacun à leur façon tracé leur avenir économique grâce à leur politique industrielle (crédit dirigé, subventions, barrières douanières et autres, exigences à l’égard des investisseurs étrangers en matière de production locale, etc.), qui leur a permis de développer de nouveaux domaines de compétence économique.
Il ne s’agissait pas seulement de programmes économiques, mais de projets nationaux de renouveau conçus pour rattraper l’Occident. Selon la politologue Elizabeth Thurbon et ses co-auteurs, les décideurs politiques développementalistes considèrent la capacité de production locale, l’autonomie technologique et la compétitivité à l’exportation comme les principaux piliers de la légitimité politique, de la sécurité nationale, ainsi que du statut et du prestige de leur pays sur la scène internationale. Ils estiment qu’il relève de la fonction de l’État d’intervenir en ce sens sur les marchés.
Le succès des pays d’Asie de l’Est est indéniable. En moins de deux générations, leur croissance économique rapide a élevé certains d’entre eux au rang de pays avancés, et sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté extrême.
Chacun de ces pays a été accusé de ne pas être assez ouvert, et de restreindre l’accès à son marché intérieur. Pourtant, dans l’ensemble, le nationalisme économique de l’Asie de l’Est a été une aubaine pour le reste du monde. Malgré quelques barrières commerciales ici ou là, il est probable qu’aucune autre politique économique n’aurait abouti au même résultat : des marchés vigoureux bénéfiques aux partenaires commerciaux.