Méthodologie et synthèse des résultats/
Section 4 – Utilisation, effets et perception du design industriel en entreprise

4.1 – Utilisation du design industriel
Parmi les 837 EAMDP, 335, soit 40 %, ont déclaré avoir utilisé les services d'un designer industriel depuis 2012.
Figure 4 : Utilisation du design industriel par les EAMDP de 2012 à 2015

Sur les 73 % des répondants qui ont développé, modifié ou amélioré un produit de 2012 à 2015, 40 % ont utilisé le design industriel et 60 % ne l'ont pas utilisé.
Nombre de répondants = 837, Marge d'erreur = ± 2,7 %.
Cela représente une augmentation notable par rapport au sondage effectué en 2007, où 21 % des répondants avaient affirmé avoir fait appel à un tel designer au cours des trois années précédentes.
Figure 5 : Utilisation du design industriel par les EAMDP de 2004 à 2007

Sur les 63 % des répondants qui ont développé, modifié ou amélioré un produit de 2004 à 2007, 21 % ont utilisé le design industriel et 79 % ne l'ont pas utilisé.
Nombre de répondants = 634, Marge d'erreur = ± 3,5 %.
Comme le montre la figure 6, chez les 335 entreprises qui ont utilisé le design industriel entre 2012 et 2015, près de 50 % l'ont fait de façon systématique et 45 % de façon occasionnelle. Le taux d'abandon du design industriel par les entreprises demeure faible, à 4 %. Cette donnée est relativement semblable à celle observée lors du sondage de 2007 (2 %).
À noter que l'usage systématique du design industriel a progressé de 10 points de pourcentage depuis 2007, ce qui dénote le rôle de plus en plus indispensable qu'il joue dans une entreprise performante.
Ce constat corrobore les conclusions d'une étude réalisée en 2015 sur les effets de la mesure Design-Innovation6, où 30 entreprises sur 34 s'étant initiées au design industriel avaient continué de l'utiliser.
Figure 6 : Fréquence d'utilisation du design industriel (2015)

Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
Figure 7 : Fréquence d'utilisation du design industriel (2007)

Nombre de répondants = 131, Marge d'erreur = ± 5,6 %.
Les figures 8, 9 et 10 démontrent que la taille des entreprises qui ont engagé des designers industriels entre 2012 et 2014 est extrêmement variable. Le recours à des spécialistes externes uniquement est particulièrement populaire dans les entreprises de moins de 50 employés, qui représentent 79 % de celles qui ont travaillé exclusivement avec des consultants.
Il est possible que le fait de mettre au point un moins grand nombre de produits incite les entreprises de plus petite envergure à avoir davantage recours à des consultants plutôt qu'à engager leurs propres designers industriels.
Figure 8 : Nombre d'employés des entreprises ayant au moins un designer industriel à leur emploi

Nombre de répondants = 106, Marge d'erreur = ± 5,4 %.
Figure 9 : Nombre d'employés des entreprises travaillant avec au moins un designer industriel consultant

Nombre de répondants = 92, Marge d'erreur = ± 5,5 %.
Figure 10 : Nombre d'employés des entreprises ayant recours à la fois à leurs propres designers industriels et à des consultants

Nombre de répondants = 135, Marge d'erreur = ± 5,3 %.
De plus, de 2012 à 2015, 32 % des firmes ayant eu recours au design industriel ont seulement fait appel à leurs propres designers industriels et 28 % ont travaillé uniquement avec des consultants. Il est à souligner que 40 % des entreprises ont combiné les deux approches (figure 11).
L'embauche ponctuelle de consultants reflète souvent l'intérêt des entrepreneurs pour un regard neuf sur le développement de leurs produits ou pour réaliser des projets à plus long terme. En ce sens, il semble exister une véritable complémentarité de ces approches.
Figure 11 : Recours à des designers industriels à l'emploi de l'entreprise ou consultants

Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
Figure 12 : Fréquence d'utilisation du design industriel

Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
Les principales raisons invoquées par les entreprises pour ne pas recourir aux services d'un designer industriel sont :
- que le design de leurs produits satisfait déjà le marché (21 %);
- que le marché ne l'exige pas (15 %);
- qu'un employé ou qu'une autre personne qualifiée s'occupe du développement de produits (5 %);
- que le stylisme a peu d'importance dans la conception de leurs produits (14 %).
Cette dernière raison semble refléter une moins bonne compréhension du design industriel où le designer industriel a un rôle de styliste, alors que sa contribution est bien plus importante.
Les défis nombreux et changeants auxquels font face les entreprises qui souhaitent progresser sur les marchés appellent des solutions où toutes les expertises doivent être mises à contribution.
Il est encourageant de noter que plus de 20 % des 502 entreprises qui ont répondu ne pas avoir utilisé les services d'un designer industriel au cours des trois années précédant le sondage, tout en ayant modifié, amélioré ou développé un produit, songent à y recourir au cours des trois prochaines années.
Parmi cette centaine de firmes, 66 prévoient faire affaire avec un consultant, 25 envisagent d'avoir recours aux services d'un étudiant ou d'un stagiaire – ce qui constitue souvent une bonne façon d'aborder le design, surtout si cette personne est parrainée par un designer industriel expérimenté – et 11 comptent embaucher un designer industriel.
Le tableau 5 montre les principales raisons qui ont motivé les entreprises à avoir recours au design industriel selon les sondages de 2007 et de 2015.
Principales raisons recueillies | Pourcentage des mentions en 2007 | Pourcentage des mentions en 2015 |
---|---|---|
2007 : Nombre de répondants = 131, Marge d'erreur = ± 5,6 %. 2015 : Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %. | ||
Augmenter le caractère distinctif des produits | 21 % | 17 % |
Être plus créatif dans les méthodes de conception | 16 % | 16 % |
Développer l'image de marque | 9 % | 16 % |
Diversifier le marché | 5 % | 15 % |
Intégrer une innovation technique ou technologique | 14 % | 15 % |
Respecter les exigences du marché | 13 % | 11 % |
Intégrer l'écoconception | ND | 9 % |
L'augmentation du pourcentage des mentions soulignant la nécessité de diversifier le marché reflète potentiellement une meilleure compréhension des usages pragmatiques du design industriel.
D'ailleurs, au sein d'une même firme, l'intégration de cette discipline a progressé depuis 2007.
En effet, comme le montre la figure 13, la proportion d'entreprises qui concentrent l'utilisation du design industriel uniquement sur le produit a diminué de plus de moitié, alors que le pourcentage d'entreprises qui en font un usage qui va au-delà du développement de produits ou qui s'en servent comme source d'innovation a doublé.
Figure 13 : Intégration du design industriel

2007 : Nombre de répondants = 131, Marge d'erreur = ± 5,6 %.
2015 : Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
- Design de produits : le design industriel est concentré sur le produit seulement.
- Au-delà du développement de produits : le design industriel est utilisé dans la gestion des produits, l'image de marque, l'aménagement des lieux de travail, les communications internes, etc.
- Source d'innovation : le design industriel intervient dans tous les éléments précédents ainsi que dans la stratégie de l'entreprise.
Les entreprises québécoises qui ont recours au design industriel semblent avoir pris conscience du fait que le designer industriel peut intervenir bien au-delà du stylisme et du développement de produits.
Des études européennes qui utilisent des modèles de maturité suggèrent que lorsqu'une entreprise se développe du point de vue du design ou de la gestion du design, celui-ci monte dans sa structure. En d'autres termes, une entreprise qui mature tend à inclure dans son organigramme une direction du design responsable des projets dans ce domaine et des ressources qui y sont assignées, et d'orienter la vision stratégique du design de l'entreprise7.
En Finlande, par exemple, on constate que trop peu d'entreprises ont une gestion du design de niveau stratégique. Ainsi, si le pays veut augmenter sa compétitivité, l'industrie devra intensifier l'usage stratégique qu'elle fait du design industriel8.
Le tableau 6 présente les principaux critères pour le choix d'un designer industriel.
Principales raisons recueillies | Pourcentage des mentions des utilisateurs du design industriel |
---|---|
Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %. | |
Ses compétences | 22 % |
Sa créativité | 16 % |
Ses années d'expérience | 15 % |
Sa connaissance du secteur industriel | 12 % |
Sa personnalité | 10 % |
Sa notoriété, ses références | 7 % |
Ses réalisations | 5 % |
Ainsi, les facteurs qui semblent influencer le plus les entrepreneurs à utiliser les services d'un designer industriel en particulier sont ses compétences, sa créativité et son expérience.
Estimation des dépenses annuelles en design industriel | Pourcentage des utilisateurs du design industriel en 2006 | Pourcentage des utilisateurs du design industriel en 2014 |
---|---|---|
2007 : Nombre de répondants = 131, Marge d'erreur = ± 5,6 %. | ||
Moins de 5 000 $ | 18 % | 7 % |
Entre 5 000 $ et 14 999 $ | 13 % | 16 % |
Entre 15 000 $ et 24 999 $ | 15 % | 11 % |
Entre 25 000 $ et 49 999 $ | 18 % | 17 % |
Entre 50 000 $ et 74 999 $ | 13 % | 10 % |
75 000 $ et plus | 16 % | 35 % |
Refus – Ne sait pas/Ne répond pas | 7 % | 4 % |
La proportion d'utilisateurs du design industriel disposant d'une enveloppe budgétaire annuelle estimée à 75 000 $ et plus a augmenté de façon importante entre les enquêtes de 2007 et de 2015, passant de 16 % à 35 %.
De surcroît, 16 % des répondants du sondage de 2015 ont rapporté dépenser 200 000 $ et plus sur une base annuelle en design industriel.
Ces résultats sont en accord avec les constats relatifs à l'utilisation accrue du design par les entreprises et à la reconnaissance de son rôle stratégique.
Les figures 14 et 15 présentent l'évolution des dépenses en design industriel des entreprises au cours des trois années précédant le sondage de 2015 ainsi que celle des dépenses prévues à la suite de ce sondage.
Dans les deux cas, plus de 90 % des répondants ont mentionné que leurs dépenses sont stables ou à la hausse et qu'elles le resteront. Ces résultats sont semblables à ceux obtenus en 2007.
Figure 14 : Variation des dépenses en design de 2012 à 2014

Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
Figure 15 : Variation des dépenses prévues en design de 2016 à 2018

Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
La progression des dépenses en design industriel devrait se poursuivre, puisque les entreprises font davantage participer les designers industriels aux activités de gestion de l'image ainsi qu'au processus d'innovation.
De surcroît, une majorité de répondants prévoient augmenter l'enveloppe budgétaire accordée au design au cours des prochaines années, tandis que les entreprises qui s'orientent vers une diminution des dépenses sont peu nombreuses.
Ces résultats sont en accord avec la hausse de l'utilisation du design industriel par les entreprises répondantes.
4.2 – Effets du design industriel
Le tableau 8 présente les principaux effets de l'utilisation du design industriel selon les entreprises y ayant recouru.
Principaux effets recueillis | Pourcentage des utilisateurs du design industriel en 2007 | Pourcentage des utilisateurs du design industriel en 2015 |
---|---|---|
2007 : Nombre de répondants = 131, Marge d'erreur = ± 5,6 %. | ||
Augmentation de la créativité | 72 % | 70 % |
Augmentation du taux de succès des nouveaux produits | ND | 70 % |
Diversification de la gamme de produits | 61 % | 69 % |
Augmentation du chiffre d'affaires | 57 % | 54 % |
Mobilisation des équipes internes | 38 % | 35 % |
Augmentation du nombre d'emplois | 33 % | 28 % |
Augmentation des exportations | 42 % | 27 % |
Les résultats obtenus démontrent que les principaux effets attribués au design industriel concernent avant tout les produits de l'entreprise (création, succès, diversification), puis l'entreprise elle-même (chiffre d'affaires, mobilisation à l'interne, nombre d'emplois).
Depuis 2007, le nombre de répondants ayant attribué au design un effet sur l'augmentation des exportations a diminué de près du tiers. La valeur totale des exportations québécoises des industries faisant l'objet de l'enquête est passée de 31,9 milliards de dollars en 2007, pour descendre jusqu'à 24,2 milliards de dollars en 2010, et ensuite remonter sensiblement à 33,7 milliards de dollars en 20149.
Les préoccupations vis-à-vis des exportations sont possiblement moindres durant une période où elles représentent une partie plus faible du chiffre d'affaires.
La figure 16 présente le temps que les utilisateurs du design industriel estiment nécessaire pour recouvrer leur investissement10. Entre 2007 et 2015, la proportion d'entreprises qui misaient sur une période inférieure à 12 mois a diminué. Cependant, ce résultat exige d'être contextualisé.
Comme le montre le tableau 7, de 2007 à 2015, la proportion des firmes qui dépensaient moins de 5 000 $ annuellement en design industriel a considérablement diminué, passant de 18 % à 7 %.
Parallèlement, pour la même période, la proportion des entreprises qui y consacraient plus de 75 000 $ a plus que doublé.
En somme, sans qu'il soit possible d'établir un lien direct de causalité, ces éléments permettraient de contextualiser les résultats présentés dans la figure 16.
Figure 16 : Retour sur investissement prévu

2007 : Nombre de répondants = 131, Marge d'erreur = ± 5,6 %.
2015 : Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
Par ailleurs, bien que l'enquête de 2015 ne révèle pas de tendance globale qui lierait le chiffre d'affaires, ou le nombre d'employés, au recours au design industriel, elle permet d'observer quelques faits intéressants.
D'abord, 40 % des firmes qui ont utilisé les services d'un designer industriel au cours des trois dernières années ont un chiffre d'affaires inférieur à 3 millions de dollars. Cette proportion, chez les firmes qui rapportaient ne pas y avoir eu recours, était plutôt de 54 %.
De plus, cette étude permet d'observer une différence importante sur le plan du chiffre d'affaires à l'exportation. Ainsi, en 2012 et en 2014, la proportion d'entreprises utilisatrices du design industriel qui exportaient était considérablement plus élevée que celle des firmes qui ne recouraient pas au design industriel.
Figure 17 : Proportion d'entreprises exportatrices selon l'utilisation du design industriel

Non-utilisatrices : Nombre de répondants = 837, Marge d'erreur = ± 2,7 %.
Utilisatrices : Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
4.3 – Perception du design industriel
La figure 18 compare les perceptions de l'apport du design industriel des répondants qui ont amélioré, modifié ou développé un produit selon qu'ils y ont oui (335) ou non (499) eu recours.
Figure 18 : Perception de l'apport du design industriel selon que l'entreprise y a eu recours ou non
Oui : Nombre de répondants = 335, Marge d'erreur = ± 4,7 %.
Non : Nombre de répondants = 499, Marge d'erreur = ± 4,1 %.
Les entreprises qui ont eu recours au design industriel ont une perception nettement plus favorable de son apport que celles qui n'y ont pas fait appel.
Les deux éléments qui présentent les plus grands écarts du point de vue de la perception de l'apport du design industriel entre les répondants qui y ont recours et ceux qui n'y font pas appel sont l'augmentation des chances de succès d'un produit (29 points de pourcentage) et l'influence sur l'image de marque de l'entreprise (26 points de pourcentage).
Bref, l'utilisation du design industriel est en croissance. Entre le sondage de 2007 et celui de 2015, les proportions d'entreprises qui ont utilisé le design industriel et qui disposent d'une enveloppe budgétaire annuelle estimée à plus de 75 000 $ ont presque doublé. En outre, près d'une entreprise sur deux prévoit hausser ses investissements dans ce domaine entre 2016 et 2018.
Ainsi, le design industriel prend de plus en plus d'importance dans la structure des entreprises et dans leurs stratégies d'affaires.
Comme nous l'avons mentionné antérieurement, les principaux effets perçus du design industriel touchent dans un premier temps les produits de l'entreprise (création, succès, diversification) et dans un second temps l'entreprise elle-même (chiffre d'affaires, mobilisation, emplois et exportations).
Par contre, les entreprises qui n'ont pas utilisé le design industriel ne semblent pas lui accorder autant de crédibilité que celles qui y ont eu recours. Il faut donc poursuivre la valorisation de cette discipline auprès des entrepreneurs, notamment par la mise en évidence des succès des pairs11.
6. Ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Résultats du sondage Internet sur les retombées de la mesure Design-Innovation (relativement à l'intégration du design industriel), Québec, Le Ministère, p. 7.
7. Reetta Noukka, Organizational and Managerial Practices in Finnish In-House Design Management, Master's Thesis in International Business, Turku School of Economics, 2011, p. 33-34.
8. Reetta Noukka, Organizational and Managerial Practices in Finnish In-House Design Management, Master's Thesis in International Business, Turku School of Economics, 2011, p. 90.
9. Institut de la statistique du Québec, Statistiques, [En ligne]. [http://diffusion.stat.gouv.qc.ca/hkbphp/hkb.php?lang=36&headFootDir=/headfoot&productType=NAICS&toFromCountry=CDN&cacheTime=962115865#tag].
10. Le retour sur investissement peut être défini comme le rapport entre l'investissement et les flux financiers annuellement perçus relativement à cet investissement.
11. À ce sujet, la revue Paramètres de l'Association des designers industriels du Québec fournit plusieurs exemples éloquents dans des industries variées (https://adiq.qc.ca/parametres/).